Dave Stockton : l’interview du gourou
Depuis quelques mois, le putting fait beaucoup parler, notamment grâce ou à cause de la multiplication des belly et des longs putters sur le PGA Tour. Certains modèles seront d’ailleurs bientôt disponibles sur monsieurgolf.com. De putting il en est justement question avec Dave Stockton, l’un des maîtres en la matière. Cet américain de 69 ans s’était notamment penché en 2009 sur les problèmes de Phil Mickelson dans cet exercice. Moins de deux semaines plus tard, Lefty remportait le Tour Championship en prenant trente-six fois un putt. Morceaux choisis de l’interview qu’il a accordée à nos confrères du San Diego Union cette semaine.
Imaginiez-vous devenir un gourou du putting ?
Non absolument pas, c’est une des nombreuses choses qui arrivent par hasard. Je me suis blessé à l’épaule en 2009 alors que je jouais sur le Champions Tour (Stockton totalise 10 victoires sur le PGA Tour dont 2 USPGA et 14 victoires sur le Champions Tour), et depuis c’est la tournure que j’ai donné à ma carrière, je ne joue pratiquement plus, peut-être trois ou quatre fois dans l’année.
Pensez-vous qu’on naisse bon putter ou bien le devient-on ?
On le devient sans aucun doute, tout est dans la tête. On ne parle simplement de balancer le putter d’un point à l’autre, c’est quelque chose de complètement différent du swing. Le swing a beaucoup changé ces cinquante dernières années, pas le putting.
Quel est le joueur qui vous a fait prendre conscience que vous étiez efficace dans l’enseignement du petit jeu ?
Ce n’est pas très vieux, Annika Sorenstam est la toute première joueuse avec laquelle j’ai travaillé même si elle avait son propre coach, j’ai apporté ma petite pierre, petite mais essentielle. Phil Mickelson a vraiment été le catalyseur de tout ça. Phil a été le premier à me conseiller à un autre joueur, il a été très « gentleman » pour ça, ce n’est pas étonnant, on connaît le personnage.
Phil, justement avait eu une année 2009 difficile au putting, racontez-nous un peu votre rencontre avant le Tour Championship ?
Il a demandé à son caddie Bones (Jim McKay) à qui il pourrait faire appel pour l’aider au putting et Bones a suggéré mon nom. J’étais en rééducation pour mon épaule et j’ai travaillé deux jours avec lui. C’était un vrai beau chantier, Phil avait vu juste, il était perdu. Neuf jours après il gagne le Tour Championship. De toute l’année il n’avait rentré que treize putts à plus de 6 mètres, au Tour Championship il en a rentré neuf !! En quelques jours, on ne peut pas tout changer techniquement parlant, tout est une question d’état d’esprit, de mental.
Phil, justement, connaît encore des problèmes de putting cette année. Il a un peu choqué tout le monde en optant pour le belly putter, êtes- vous déçu de ce retour en arrière ?
Oui vraiment déçu. Je ne sais pas ce qu’il se passe, je ne l’ai vu que cinq ou six fois cette année. Je l’ai eu par texto le samedi soir avant le dernier tour du British Open, il me disait qu’il sentait qu’il pouvait le gagner. Je lui ai répondu : « Tu as déjà gagné quatre Majeurs, pourquoi ne joues-tu pas comme lors de tes précédentes victoires ? ». Le lendemain, il avait rattrapé les leaders, tout se passait bien jusqu’au 11, jusqu’à ce trou il n’avait pas raté un putt. Après ce petit putt raté de 90 cm, tout est parti de travers.
Il se dit que Phil a recommencé à bien jouer avec un putter classique, pensez-vous que le choix du belly putter ait été une erreur de sa part ?
On ne peut pas dire ça. Phil pourrait putter avec n’importe quoi même avec une pelle. Sur ma liste de Noël, j’ai marqué que j’aimerais avoir du temps pour qu’on travaille ensemble à nouveau.
A la demande de Rory Mc Ilroy, vous avez travaillé avec lui avant l’US Open au Congressionnal, là même où vous aviez gagné le PGA Championship en 1976, comment cela s’est passé ?
C’était génial, son caddie (J.P. Fitzgerald) nous a présentés à Charlotte. On a parlé 15-20 minutes et je lui ai dis que je crois que je savais ce qu’il s’était passé au Masters (il a joué 80 le dernier jour). Jouer avec Angel Cabrera n’était pas une bonne chose, ce sont tous les deux des joueurs rapides. Et comme il joue rapidement, ils devaient parfois attendre 5-10 minutes avant de prendre le départ d’un trou. Cette alternance n’est pas bonne du tout pour garder une certaine régularité. Nous sommes allées sur le putting green et au bout d’à peine dix minutes, il a vu de quoi je voulais parler».
Que pensez-vous Mc Ilroy justement?
Tout le monde l’adore. Ici, on avait envie de le naturaliser après sa victoire (rires). On est très heureux qu’il ait décidé de jouer sur le PGA Tour l’année prochaine, on a jamais assez de joueurs comme Rory ou comme Phil.
Terminons par un peu de technique. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi un putter se doit d’avoir un loft d’au moins 4°?
Votre but quel est-il ? Faire rouler la balle le plus vite possible. Sur un club qui n’a pas de loft mes mains doivent rester en arrière. Si je « forward press », le putter va venir comprimer la balle et elle va rebondir, j’ai donc besoin de loft pour me permettre de garder les mains en avant de la balle. Quand j’ai commencé a travaillé avec Matt Kuchar, le loft de son putter était de 2.5° maintenant il doit être à 7° si ce n’est plus. Le loft c’est la clé, si vos mains restent en arrière vous allez devoir « bricoler » pour que votre balle roule très tôt et vous allez jouer un putt diriger par votre main droite, ça convient certainement à beaucoup de personne mais pas à moi. Votre main gauche est celle qui doit vous guider vers votre cible. Il y a deux coups dans le golf où la main gauche fait la loi, le chip roulé et le putt. Sur ces coups il ne faut laisser la main gauche se casser, c’est la principale erreur chez les amateurs.