Lionel Weber s’éclate en Asie

Par le 7 mars 2013
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Un Français sur l’Asian Tour, c’est la grande curiosité du golf français cette saison.

Pour MonsieurgolfLionel Weber est revenu sur les raisons de son choix ainsi que sur ses objectifs. Des attentes forcément revues à la hausse après sa 7e place inaugurale en Birmanie.

Monsieur Golf : Bonjour Lionel, pour ceux qui ne te connaissent pas encore peux-tu revenir sur ton parcours ?

Lionel Weber : Je suis né à Mulhouse et j’ai longtemps habité à Riedisheim (Haut-Rhin). J’ai commencé le golf à 6 ans avec Gérard Gonzalez au Golf des Bouleaux à Wittelsheim (68). J’ai également pratiqué le tennis de table à haut niveau si bien qu’à 13 ans on m’avait proposé d’intégrer le Pôle Espoir. Mais j’ai finalement opté pour le golf, qui était mon sport de prédilection

En parallèle  j’ai mené une scolarité normale jusqu’à mon bac S. J’ai alors décidé que je voulais faire du haut niveau. A l’hiver 2008, je suis parti quatre mois dans l’académie A-Game à Brisbane qui n’existe plus je crois. Là-bas, j’ai pu jouer avec d’autres joueurs du Challenge Tour notamment Nicolas Colsaerts.

« L’Australie ? Un vrai déclic »

Est-ce que cet exil a été aussi bénéfique pour toi qu’il l’a été pour Nicolas ?

Oui pour moi ce voyage a été comme un révélateur. Ces quatre mois passés là-bas m’ont définitivement convaincu de faire du golf à haut niveau. Le plus dur a été de se couper de ses attaches une première fois. J’y suis même retourné à l’hiver 2009. Je garde de très bons souvenirs de cette période notamment avec Nicolas, quelqu’un de vrai, qui ne ment jamais. Et même si on n’a pas le même style de jeu (ndlr : Lionel, la mort dans l’âme, nous a confié prendre régulièrement 30 mètres au drive) il reste un bonne source d’inspiration pour moi.

En Australie, j’ai également fait la connaissance d’Eric Béchu qui a été mon préparateur mental durant deux ans.

Avec cet objectif en tête, comment s’est déroulé ton retour en France après ce 1er séjour ?

Très bien car grâce à mon ami Olivier Serres, j’ai pu intégrer l’équipe du Golf d’Ormesson (77). En ayant une saison complète financée, ça m’a permis de jouer contre des très bons joueurs partout dans le monde. En septembre 2010, en tant qu’amateur j’ai notamment gagné les Internationaux d’Italie (ndlr : Henrik Stenson, Matteo Manassero et José Maria Olazabal figurent notamment au palmarès de cette épreuve).

Gonflé à bloc tu décides à nouveau de partir pour l’Australie ?

Non l’hiver 2010, je décide cette fois-ci de le passer au Maroc, c’est à cette période que je commence à travailler avec mon entraîneur actuel Nicolas Subrun. Il me suivait déjà lors de regroupements avec la ligue d’Alsace et lors de mes titres de champion de France (minime et cadet). Après cette intersaison, je réussis à me qualifier pour deux tournois sur l’European Tour (ndlr : Open de France 2011 :  MC et European Masters 2011 : MC). Fin 2011, je débute l’aventure avec le Pôle France au Golf de Terre Blanche (83) et je bénéficie des conseils des coachs de l’équipe de France.

Et puis il y a cette belle année 2012 pour toi et ton club d’Ormesson ?

Oui l’aventure avec Ormesson a été très belle. Ensemble nous avons remporté la Coupe d’Europe des Clubs. Au niveau individuel j’ai remporté la Coupe Murat (Internationaux de France de strokeplay).

« Regarder les joueurs du Tour à la TV et jouer contre eux, c’est très différent »

Peux-tu revenir avec nous sur la fin 2012 puis cette arrivée improbable sur l’Asian Tour ?

Il y d’abord mon échec aux cartes européennes. Je visais clairement une catégorie pleine, seul moyen pour moi de progresser. Vous savez jouer contre les pros qu’on regarde à la télé, c’est une chose, mais quand on est sur le tee de départ avec eux c’est beaucoup plus compliqué. Je ne pense pas que j’ai la maturité golfique suffisante, je dois encore progresser.

Cette progression passe donc par l’Asian Tour désormais ?

Oui l’hypothèse de jouer l’Asian Tour me séduisait et puis j’ai réussi à me classer 6e des cartes asiatiques. En ce sens, je pense que l’échec aux cartes européenes a été une très bonne préparation. Et puis, voyager de pays en pays sur des parcours très différents face à de très bons joueurs, ça peut justement m’aider à atteindre cette fameuse maturité. Mon objectif à long terme reste le même, jouer sur le Tour Européen.

Comment comptes-tu y parvenir ?

L’objectif n°1 pour cette année c’est de terminer dans le Top 60 de l’Asian Tour pour garder ma carte. Ensuite j’espère pouvoir jouer des tournois co-badgés Asian/European Tour, peut-être dès cette année si j’ai des bons résultats.

« Le plaisir que je prends rejailli sur mon jeu »

Avec une 7e place pour commencer ton adaptation se passe plutôt bien ?

Oui, tout va bien, je prends beaucoup de plaisir à vivre en Thaïlande, ici les loyers sont raisonnables, il y a beaucoup de très bons golfs pour s’entraîner…et puis j’ai le bonheur de faire mon footing à la plage tous les matins. Quand je vois le mal que tu as en hiver à t’entraîner dans certaines régions de France…tout ça me procure beaucoup de plaisir. Pour compléter mon travail physique, je bouge beaucoup. Le wakeboard, en plus d’être un sport que j’adore, m’aide pour tout ce qui concerne l’équilibre. Je travaille beaucoup le cardio en faisant du squash également. Au bout du compte c’est « tout bénéf' » car le plaisir que je prends au quotidien rejailli sur mon jeu. En France, j’ai parfois entendu des entraîneurs qui me disaient de taper des seaux jusqu’à saigner pour réussir. Ici c’est pas trop ma philosophie.

Justement comment tu t’organises au quotidien sans avoir ton coach sur place ?

Nicolas Subrun va venir faire quelques voyages en Asie. Pour l’instant on communique quasi-quotidiennement via Skype. Il me donne certaines pistes pour travailler ma technique. Après j’alterne entre séances de practice et parcours.

Pour ce qui est de la préparation physique, je m’appuie sur un ostéopathe Français que j’ai rencontré qui m’aide sur mon alimentation et ma préparation physique en général. Ici, je mange beaucoup mieux, avant je m’autorisais quelques petits écarts mais là c’est bel et bien fini, je suis à l’eau en permanence. Il faut être vraiment fit pour affronter la chaleur ici. Pour le reste, je travaille surtout en poids de corps, je ne vais pas en salle de musculation, ça nuirait à la fluidité de mon swing.

Sur les tournois, par qui te fais-tu caddeyer ?

Mon cadet Malko Schraner est en fait un ami qui étudie à Hong-Kong. Avant que je vienne, il n’arrêtait pas de me dire que l’Asie c’était l’avenir. Il suit son cursus avec des cours via Internet donc il peur venir avec moi sur les tournois. En plus c’est un joueur de très bon niveau donc il m’aide à la fois sur le plan golfique et mental (ndlr : Malko Schraner a joué pour l’équipe nationale Suisse). C’est lui qui m’a caddeyé pendant les Cartes de l’Asian Tour, je peux m’appuyer sur lui sans problèmes.

« Ici, personne ne juge ton swing ou ton physique »

Comment as-tu été accueilli sur le circuit asiatique ?

Bien. Vous savez ici les joueurs ne posent pas un regard inquisiteur sur vous comme parfois c’est le cas en France ou en Europe. Ici, les joueurs se moquent de savoir si tu as un swing techniquement parfait, ils regardent le résultat. Prenons l’exemple de Thaworn Wiratchant, il a gagné 15 titres sur l’Asian Tour, personne n’a fait mieux. Il a gagné l’Ordre du Mérite l’an dernier à 45 ans. C’est un Dieu ici et pourtant il swingue comme un 20 d’Index.

Un Dieu ?

Oui ici en plus il y a beaucoup de respect pour les « anciens », et en ce qui concerne Wiratchant, je dois avouer que c’est le seul joueur sur qui je me suis arrêté. Au putting-green, je le voyais enchaîner les putts de 5-6 mètres comme un métronome. Je suis resté 5 minutes à le regarder et c’est même Malko qui est venu me chercher pour me dire de me réveiller. On peut me dire tout ce qu’on veut, mais pour moi Wiratchant c’est le meilleur putter du monde, peut-être même le meilleur petit jeu au monde. Etre capable de gagner la Money List en prenant à peine la moitié des greens en régulation, c’est énorme.

Tu sous-entends qu’il y a trop de préjugés en France ?

Je ne sais pas, peut-être. Regardez par exemple Kiradech Aphibarnat, il fait partie des 2 ou 3 joueurs qui frisent les 150 kilos sur l’Asian Tour. Pourtant, il compte déjà une victoire sur et il a failli gagner le premier tournoi de cette saison. Peut-être qu’en France, on lui aurait dit d’oublier le golf de haut niveau, ici rien de tout ça et pourtant moi-même j’accorde beaucoup d’importance à la condition physique. Mais comme je vous l’ai dit, en Asie, ce qui compte, c’est le nombre de coups en dessous du par et pas autre chose.

Pour finir, comment pourrais-tu définir ton jeu ?

Disons que vu mon physique, je ne suis pas un gros frappeur, par contre je tape droit et j’ai un bon jeu de fers. C’est pour ça que je pense qu’un parcours comme celui de cette semaine en Inde peut me convenir. J’aime les parcours étroit et très pénalisant avec du rough, du châchis etc… J’espère que je pourrais faire quelque chose cette semaine.

Tout au long de l’année sur Monsieur Gof, retrouver « Léo » Weber qui fera le point avec nous sur sa saison sur l’Asian Tour.

 

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