Tiger en Majeur : Où est le problème ?
Encenser Tiger Woods après sa 4e victoire en 2013 était facile. Tirer sur l’ambulance du n°1 mondial après cet US Open raté le serait également. Une chose est sûre son bilan en Majeur depuis 2008 laisse songeur.
« Il y a toujours des leçons à tirer d’un tournoi, que vous l’ayez gagné ou perdu (…) J’ai réussi certaines choses cette semaine, malheureusement j’en ai raté d’autres ».
Voilà en résumé comment le Tigre a essayé de noyer le poisson après avoir bouclé son plus mauvais Majeurs en termes de score sur quatre tours. Avec un total de +13, le Californien dépasse d’une unité son +12 de l’US Open 2006 à Winged Foot.
Aucune bouée de secours cette semaine
Le score n’est bien sûr que le reflet d’une tripotée de stats’, toutes plus étonnantes les unes que les autres : 21 bogeys ou plus sur les 72 trous cette semaine avec une moyenne de 32 putts par round.
A vrai dire rien n’a vraiment fonctionné pour Woods. Au driving, il a raté des deux côtés et son wedging, notamment sur les petits trous de Merion, a été plus qu’approximatif.
Plus inquiétant c’est son petit jeu qui n’a pas été au rendez-vous. Ce même secteur de jeu qui a permis à Woods de remporter bien des victoires, quand bien même le reste de son jeu était moyen comme à Torrey Pines cette année.
En manque de sensations sur et autour des zones de vérité, la débâcle de Tigre ne saurait s’expliquer que par la seule difficulté de ce parcours de Merion.
Deux semaines avant au Memorial, tournoi qu’il a remporté cinq fois, Tiger avait également failli au petit jeu et sur la vitesse des greens.
Problème physique ou problème mental ?
Depuis son retour au premier plan, plus personne ne remet en question le choix de sa collaboration avec Sean Foley.
Si le problème n’est pas d’ordre technique, il ne peut qu’être mental ou physique, voire même les deux.
A 37 ans et après d’être infligé des années de préparation physique militaire, il est normal que la machine coince un peu.
Notah Begay III, consultant sur Golf Channel et meilleur ami de Tiger Woods, a confié jeudi que le n°1 mondial souffrait d’une inflammation à l’épaule gauche. Une thèse corroborée par les grimaces du Tigre sur ses coups joués depuis le terrible rough de Merion.
Après avoir nié être gêné à l’issu du 1er tour, Woods a ensuite confirmé le lendemain s’être blessé à l’épaule lors du dernier Players Championship .
Le n°1 mondial, victorieux de 4 de ses 8 premiers tournois en 2013 s’est blessé, et depuis il a raté ses deux dernières sorties, dont l’US Open.
Si ce scénario satisfait les fans les plus inconditionnels de Woods, beaucoup de choses laissent penser que le mal se situe plus haut, dans la tête du n°1 mondial.
4e week-end raté consécutif en Majeurs
En effet que ce soit à l’Open Britannique, à Kiawah Island lors de l’USPGA et même au Masters cette année, le Tigre s’est éteint le week-end, alors qu’il avait une réelle chance de gagner :
US Open 2013 : 13e à 4 coups après le 2e tour – 32e à 14 coups au final
Masters 2013 : 18e à 5 coups – 4e à 4 coups
PGA Championship 2012 : 1er – 6e à 5 coups
The Open Championship 2012 : 3e à 4 coups – 3e à 4 coups
Quatre derniers Majeurs où Tiger ne s’est pas battu comme à ses plus belles heures. Pour rappel, nous parlons là d’un joueur qui a remporté un US Open sur une jambe en 2008, son dernier succès en majeur.
Butch Harmon, l’entraîneur de ses débuts l’a trouvé « tendu face aux circonstances ». Certains observateurs ont même été plus loin affirmant que Tiger semblait n’avoir aucun plan de jeu pour cet US Open, qu’il jouait les coups les uns après les autres, sans fil conducteur.
L’approche mentale des rendez-vous des Majeurs, une chose à revoir pour Tiger Woods ? Peut-être, même si cela semble incroyable pour un joueur qui en a remporté 14.
Les férus de mathématiques auront noté qu’avec son instinct de tueur, le n°1 mondial aurait déjà égalé le record de 18 Majeurs de Jack Nicklaus.
Problème privé ?
L’explication pourrait-elle alors venir de problèmes personnels ? Depuis ses déboires fin 2009, la vie privée de Tiger influe directement sur sa carrière.
Les journalistes qui côtoient Tiger sont unanimes sur le fait qu’il ait l’air plus épanoui, plus souriant depuis le début de sa relation avec la skieuse Lindsey Vonn.
Or, pour la première fois depuis l’officialisation de leur romance il y a trois mois, Lindsey Vonn est sortie de son silence pour confier ses impressions après quelques semaines de vie commune.
Dans une interview accordée au New York Times, la championne olympique confie « avoir l’impression de vivre dans un aquarium lorsque le Tigre est à ses côtés. Je ne savais pas c’était comme ça quand je me suis engagé dans cette relation».
Une déclaration étonnante en soi. En effet, dans le système Woods, nombreux sont ceux à avoir été éjectés parce qu’ils parlaient trop à la presse. De là à envisager une tension dans le nouveau coupe star, il y a un pas qu’il n’est peut-être pas indispensable de franchir.
La dernière hypothèse tient peut-être au mode de fonctionnement du Tiger 3.0. En effet, à 37 ans, la courbe de performance du n°1 mondial est peut-être plus marquée. Lorsqu’il est au top, ce Tiger-là fait toujours rêver. En revanche ses mauvaises semaines sont plus « spectaculaires », notamment en Majeurs.
La prochaine apparition de Tiger Woods dans deux semaines n’apportera pas vraiment de réponses à toutes les questions soulevées cette semaine. Au Congressional, dans « son » tournoi, le quadruple vainqueur sur le PGA Tour pourrait très bien gagner haut la main comme finir dans le ventre mou du classement.
En revanche, s’il reste dans l’anonymat au British dans un mois, il sera alors temps de s’inquiéter encore un peu plus.
(Credits Photo : AP)